Dépression Dans La Sclérose En Plaques : Défis Diagnostiques Et Disparités Entre Échelles De Screening

Actuellement, il est recommandé d'utiliser la Beck-Depression-Inventory-Fast-Screen (BDI-FS) plutôt que la BDI-II pour dépister la dépression dans la sclérose en plaques (SEP) pour limiter l'effet des facteurs confondants. Nous avons comparé la prévalence de la dépression évaluée par le BDI-II et le BDI-FS dans un échantillon de 331 patients atteints de SEP. Au total, 331 patients atteints de SEP (70,8 % femmes, M âge : 48,1, EDSS médian : 4) ont été évalué sur le plan psycho-affectif par la BDI-II, un questionnaire auto-administré (21 items). Un score total (/63) identifie la présence et l'intensité des symptômes. Une version réduite, la BDI-FS distingue les symptômes dépressifs des symptômes neurologiques de la SEP, comme l'insomnie, la fatigue, ou les problèmes de concentration, avec un score total de 21 pour définir la dépression. La prévalence de la dépression était plus élevée avec le BDI-II par rapport au BDI-FS (54,1 % versus 31,1 %, p < 0,001). L'OR était de 2,61 (p < 0,001) lors de la comparaison entre les échelles. Le test de Wilcoxon a montré des différences significatives entre les scores des deux échelles rééchelonnés (p < 0,001) avec une taille d'effet importante (rb : 0,927). La concordance entre le BDI-II et le BDI-FS était faible avec une valeur kappa de 0,41. Le clinicien est confronté à la difficulté de diagnostiquer correctement la présence d'un épisode dépressif chez un patient présentant des symptômes similaires pouvant être liés à la SEP (fatigue, troubles du sommeil ou cognitifs…). Les deux échelles montrent une faible concordance et une capacité inégale à détecter les troubles dépressifs chez ces patients. Le chevauchement des symptômes dépressifs et ceux de la SEP augmente artificiellement les scores de dépression des échelles non-adaptées aux populations neurologiques, les rendant inadéquats en recherche comme en clinique.