Évaluation Des Lombalgies Chroniques Chez Les Aidants Familiaux Des Personnes Âgées Handicapées

Selon le degré de dépendance du proche âgé, l’aidant familial peut être amené à assumer de plus en plus de responsabilités pouvant évoluer vers l’épuisement physique. Ainsi, l’accompagnement d’une personne âgée handicapée peut être à l’origine de nombreuses conséquences comme le développement des lombalgies chez l’aidant. L’objectif de cette étude était de déterminer la prévalence des lombalgies chroniques chez les aidants familiaux des personnes âgées en situation d’handicap. L’objectif secondaire était d’évaluer l’impact fonctionnel de ces douleurs chroniques et déterminer les facteurs associés à ce retentissement. Il s’agit d’une étude transversale portant sur les aidants familiaux des personnes âgées ayant consulté pour des maladies neurologiques handicapantes, durant une période de cinq mois. Nous avons évalué le degré d’indépendance fonctionnelle des malades par le MIF. Nous avons étudié spécifiquement le retentissement des lombalgies sur les capacités fonctionnelles des aidants en utilisant le questionnaire d’Oswestry et l’auto-questionnaire de Dallas. Soixante femmes (les épouses des personnes en situation d’handicap), d’âge moyen 62 ± 7 ans [52 à 82], ont été incluses. Elles s’occupaient de leurs conjoints, d’âge moyen 66,64 ± 5 ans [65 à 83], pendant au moins 8 h/24 h durant une période moyenne de 5,75 ans [1 à 25]. Une obésité a été objectivée chez 13,33 % des personnes handicapées avec un IMC moyen de 25,54 ± 3 kg/m2 [18,83 à 34,62]. Le MIF moyen a été de 87,3 [60 à 124]. Dans cette population d’étude, une lombalgie chronique a été décrite dans 68,33 % des aidants. La valeur moyenne de l’EVA douleur a été de 5,71 ± 1 mm [3 à 8 mm]. Vingt personnes (48,78 %) avaient des douleurs intenses (EVA ≥ 70 mm). La durée moyenne d’évolution de la lombalgie était de 4,02 ± 3 ans [0 à 20 ans]. L’évaluation de l’impact fonctionnel des lombalgies a objectivé un score moyen d’Oswestry de 17,48 ± 7 [3 à 28]. Selon cet instrument d’évaluation, les lombalgies ont été sévères à invalidantes chez 43,9 % des aidants. Selon l’auto-questionnaire de Dallas, la moyenne de répercussion des lombalgies sur l’activité sociale a été de 52,8 % ± 22, sur l’activité professionnelle/loisir de 47,9 % ± 25,7, sur l’anxiété/dépression de 44,7 % ± 31,3 et sur la sociabilité de 33,8 % ± 29,9. L’étude analytique a objectivé une association significative entre la limitation fonctionnelle évaluée par l’échelle d’Oswestry, l’IMC de la personne handicapée et le nombre d’heures de prestation de soins (p < 0,05). Cependant aucune association significative n’a été objectivée entre l’incapacité fonctionnelle (Oswestry) et l’âge de la personne âgée, son niveau d’indépendance (MIF) ou la durée de la relation d’aide. Comme dans d’autres pathologies chroniques invalidantes, les aidants familiaux des sujets âgés handicapés semblent être plus à risque de développer des lombalgies invalidantes. Prendre soin d’un proche âgé dépendant tous les jours peut s’avérer difficile et semble être un facteur favorisant la genèse des lombalgies chroniques.