Intoxications Aux Pesticides Au Sénégal: Données Du Centre Antipoison De 2009 À 2020

Décrire les aspects épidémiologiques des intoxications par les pesticides enregistrés par le Centre Antipoison du Sénégal, entre 2008 et 2020, afin de déterminer le profil de ces intoxications et de promouvoir des actions standardisées de prise en charge et de prévention Une étude rétrospective des cas d’intoxication liés aux pesticides déclarés au Centre Antipoison du Sénégal (CAPS) a été menée entre 2009 et 2020. Au cours de la période d’étude, 721 cas d’intoxications ont été enregistrés dont 99 imputés aux pesticides soit 13,73 % des cas. La capitale Dakar a enregistré la majorité des intoxications avec 74 % des cas. Le sexe masculin était le plus représenté avec 54 % des cas et les enfants avec une tranche d’âge comprise entre 1 mois a 14 ans étaient les plus concernés avec 64 % des cas. La majeure partie de ces intoxications était accidentelle (90 %). Il s’agissait principalement d’intoxication à domicile dans 89 % des cas et plus de 80 % des cas répertoriés résultaient d’une exposition par voie orale. Les pesticides organophosphorés étaient les plus incriminés avec le malathon comme matière active. Les risques d’intoxication après exposition ont été évalués et ils sont été mineurs dans 38 % des cas. Dans 87 % des cas, la relation toxique/symptômes a été certaine. Lors de l’examen clinique, les signes présentés par les intoxiqués étaient variés: des troubles neurologiques, respiratoires et cardiovasculaires ont été retrouvés avec une prédominance des signes hepatodigestifs dans 42 % des cas. Parmi les cas d’évolution connue, 79 % étaient favorables et 9 % cas de décès ont été enregistrés. Ces résultats démontrent que les cas d’intoxication, surtout infantile, sont liés aux phénomènes de reconditionnement et de stockage de ces produits dans les domiciles; mais aussi une forte sous notification au Sénégal. Ces faits, associés à une facilité d’accès à ces produits et un défaut du respect de la réglementation sur les produits chimiques, doivent inciter à des campagnes de sensibilisation, d’information et de communication pour une meilleure visibilité du CAPS et une utilisation rationnelle des pesticides.