Étude Vapotox© et les e-liquides utilisés en vapotage par les ados ; la suite

Étudier les toxidromes et les e-liquides, suite au vapotage par e-cigarettes pouvant contenir du CBD, chez les adolescents. Notre présentation au congrès SFTA-STC Flanders en 2019 ; a été suivie avec intérêt par l’ARS Grand-Est ; ce qui a entraîné la création d’une étude épidémiologique de septembre 2019 à fin mars 2020, appelée Vapotox© en région Champagne-Ardenne [1]. Vapotox© comportait 4 volets avec un volet médical comportant examen clinique avec ECG, caractérisation du toxidrome, un volet addictovigilance, un volet biosurveillance urinaire par CG-MS ; le dernier volet concernait l’analyse du e-liquide (si disponible). Un accord des responsables légaux de ces patients mineurs était demandé. À la fin de cette étude fin mars 2020 ; en continuum la légitimité de nos investigations repose désormais sur l’administration de substances toxiques à mineurs et la recherche des molécules impliquées dans les toxidromes inexpliqués, lors d’intoxications médicamenteuses ou par drogues récréatives [2]. Les dernières données de 2018 à décembre 2020 retrouvent 117 cas passés aux urgences hospitalières de Reims. Les explorations biologiques notamment urinaires par CG-MS ont retrouvé du CBD (4 cas), cannabinoïdes de synthèse dont XLR11 (1 cas) et 5F-MDMB-PICA (4 cas), du THC (19 cas), de la cotinine (29 cas), anabolisants AICAR, boldenone (2 cas), lidocaïne ou prilocaïne (2 cas), MDMA (1 cas), amphétamine (1 cas) et enfin diphenhydramine (1 cas). Dans un cas de 6 puffs de vapotage de CBD, le taux urinaire retrouvé de CBD était de 4,25 μg/L (1,7–44 μg/L) d’après les travaux de Ulf Meier en 2018 [3]. Kintz et al. ont publié dans ToxAc en 2019, des dosages sanguins de CBD de 0,5 μg/L à 50 μg/L avec médiane à 5 μg/L ; après vapotage de e-cigarette au CBD. Les toxidromes principalement observés ont été de type cholinergique (dus à la nicotine présente dans le e-liquide) avec aussi des cas de somnolence et sédation légère. Les formes psychiatriques étaient en rapport avec l’administration de cannabinoïdes de synthèse (CS). La Justice rémoise a été saisie de plaintes de parents d’enfants ayant présenté des symptômes psychiatriques (sevrage, psychoses), après vapotage. L’utilisation de la matrice « cheveux » pourrait permettre l’identification de ces CS permettant la judiciarisation de ces dossiers. La crise sanitaire du COVID n’a pas stoppé l’expérimentation des e-liquides par les jeunes consommateurs. La composition de notre groupe de travail a été élargie à l’Éducation Nationale, la Justice et des acteurs de prévention. La décision de la cour européenne de justice le 19 novembre 2019 (arrêt Kanavape) permet désormais la libre circulation en Europe des produits à base de CBD, avec un bémol sur un risque évoqué pour la Santé publique. La nocivité des e-liquides et arômes eux font actuellement l’objet de documentation par l’ANSES. L’utilisation des e-cigarettes par les jeunes reste un grand problème de santé publique nécessitant une collaboration médecine, éducation et justice. L’expérimentation médicale prochaine du CBD, devrait faire l’objet de surveillance de pharmacocinétique chez des patients recevant déjà des traitements médicamenteux, étant donné le rôle perturbateur du CBD sur certains cytochromes, en référence des travaux de l’équipe de M. Huestis [4].