Priorisation des maladies infectieuses dans une perspective de santé publique en France à l'aide d'une analyse décisionnelle multicritères

Introduction Au lendemain de la pandémie de COVID-19, le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) a été mandaté par les autorités sanitaires françaises pour établir une liste de maladies infectieuses à prioriser en termes de surveillance et d'anticipation, tant en France métropolitaine qu'en outre-mer. Matériels et méthodes Une analyse décisionnelle multicritère (MCDA) a été utilisée, suivant les recommandations de l'ECDC. Une liste de 95 entités (maladies ou groupes de maladies infectieuses, dont la "maladie X" définie par l'OMS) a été établie par 17 experts dans le domaine des maladies infectieuses. Dix critères ont été définis pour évaluer ces entités : taux d'incidence, taux de létalité, potentiel d'émergence et de propagation, impact individuel, impact sociétal, impact sur les groupes vulnérables, impact sur le système de santé, besoins non satisfaits en matière d'outils préventifs, besoins thérapeutiques non satisfaits et besoin d'outils de surveillance supplémentaires. Le poids relatif de ces critères pour l'évaluation des entités a été déterminé par 77 experts du HCSP, selon la méthode de Las Vegas. Ensuite, 98 médecins de diverses spécialités ont répondu à une enquête en ligne pour noter chaque entité en fonction des 10 critères à l'aide d'une échelle de type Likert à 4 classes. Les scores ont ensuite été convertis en valeurs numériques à l'aide d'une échelle non linéaire. Résultats Quinze des 95 entités ont été classées comme hautement prioritaires. La "maladie X" a obtenu le score le plus élevé et a donc été classée en rang 1. Les 14 autres maladies hautement prioritaires étaient les fièvres hémorragiques virales, les infections virales respiratoires aiguës autre que la grippe, les arboviroses transmises par les moustiques, les infections dues à des virus grippaux zoonotiques, la grippe saisonnière, les infections à coronavirus émergents, les maladies à prions, les infections à bactéries multirésistantes et les infections bactériennes émergentes hautement résistantes, les infections invasives à méningocoques, la rage, la tuberculose et les infections invasives à pneumocoques. Conclusion Les entités infectieuses qui ont été définies comme des priorités de santé publique pour la France sont assez proches de celles retenues pas l'OMS et presque toutes sont actuellement bien couvertes par les systèmes de surveillance et d'alerte en France. L'approche MCDA multidisciplinaire utilisée pour cette étude s'est avérée pertinente et d'une bonne faisabilité. Elle pourrait ainsi être répétée périodiquement pour adapter les réponses de santé publique aux maladies infectieuses à un environnement mondial en constante évolution.Aucun lien d'intérêt