Intoxication au CO ou à l’alpha-PHP : quand la toxicologie médico-légale tranche !

Lors d’une soirée chemsex, les services d’urgence interviennent pour porter secours à deux individus suite à une intoxication non identifiée. Le contexte oriente soit vers une overdose de produits stupéfiants soit vers une intoxication au monoxyde de carbone par défaillance du système de chauffage de l’immeuble. L’individu 1 décède et l’individu 2 est placé en caisson hyperbare. Deux services de police sont co-saisis de l’enquête dans l’attente des résultats. La section toxicologie du Laboratoire de Police Scientifique est requise en urgence afin de déterminer l’origine du décès. La recherche de stupéfiants dans le sang et les urines a été effectuée par une extraction liquide-liquide. Les extraits sont analysés en chromatographie gazeuse couplée à un spectromètre de masse Agilent en mode SCAN et SIM. La carboxyhémoglobinémie a, quant à elle, été réalisée sur un spectromètre UV Shimadzu UV1800. Pour le premier individu (décédé), la carboxyhémoglobine a été mesurée aux teneurs létales respectives de 60 % et 52 % dans le sang cardiaque et le sang périphérique. L’Alpha-PHP a été dosée à la teneur de 15,3 μg/L dans le sang périphérique et 243 μg/L dans l’urine. La méthamphétamine et la 3-MMC ont également été identifiées dans l’urine (24,6 μg/L et 23,1 μg/L). Concernant le second individu (vivant), la carboxyhémoglobine a été mesurée à 16 % dans le sang périphérique (teneur toxique). Dans le sang périphérique, il a été identifié de la méthamphétamine (5,3 μg/L), de la 3-MMC (2,9 μg/L) et de l’alpha-PHP (12,9 μg/L). Le décès de l’individu 1 relève donc d’une intoxication au monoxyde de carbone. Ce cas permet d’alimenter le peu de données bibliographiques disponible concernant l’alpha-PHP. En effet il existe très peu de données sur ses propriétés pharmacologiques, son métabolisme et sa toxicité car il a été récemment mis sur le marché en tant qu’alternative à l’alpha-PVP. La teneur sanguine identifiée chez l’individu 1, semblable à celle mesurée chez l’individu 2, est faible et correspond à des teneurs identifiées chez des sujets vivants. L’analyse toxicologique a permis au parquet de confier l’enquête au service de police compétent, de se retourner contre le propriétaire de l’immeuble et également de permettre l’évacuation de ce dernier en mesure préventive vis-à-vis du risque lié au monoxyde de carbone.