Évaluation de la prescription des biothérapies en médecine interne : quelles molécules et quelles indications ?

Introduction L’efficacite prouvee des biotherapies au cours des maladies inflammatoires chroniques a fait que leurs indications se sont elargies au cours du temps. La meilleure connaissance de la physiopathologie des maladies inflammatoires a fait que les cibles therapeutiques des biotherapies se sont multipliees. A cote des anti-TNFα qui sont les premieres molecules utilisees, d’autres molecules ciblant d’autres etapes de la reaction inflammatoire ont ete introduites. Notre objectif etait de determiner les differentes indications et les molecules de biotherapies utilisees dans un service de medecine interne multidisciplinaire. Patients et methodes Etude retrospective, monocentrique descriptive des dossiers des patients ayant recu une biotherapie entre janvier 2004 et aout 2017. Resultats Il s’agissait de 46 patients traites par biotherapie dont 23 hommes et de 23 femmes. L’âge moyen au diagnostic etait de 43 ans [extremes 14–70]. Les rhumatismes inflammatoires et les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin dominaient les indications (38/46). Dans le groupe des rhumatismes inflammatoires (19 patients) : neuf patients avaient une polyarthrite rhumatoide, 7 avaient une spondylarthrite ankylosantes (SPA), 3 patients etaient suivis pour rhumatisme psoriasique, pour arthrite idiopathique juvenile et pour syndrome de chevauchement. Pour les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, il s’agissait de 16 maladies de Crohn, dont une associee a une SPA et 3 rectocolites hemorragiques. Les autres indications etaient une uveite refractaire dans 4 cas, 2 cas de sclerodermie systemique, 2 cas de vascularite cryoglobulinemique dont un etait associe a un Gougerot primitif et un autre associe a une hepatite virale C et un cas de maladie de Takayasu associee a une maladie de Behcet. Deux patients avaient recu la biotherapie comme un traitement de premiere ligne, ailleurs elle etait prescrite en 2e ou 3e intention. L’infliximab etait la biotherapie la plus utilisee (26/46) (56,6 %), le rituximab etait utilise chez 7 patients, l’etanercept chez 4 et le tociluzimab dans deux cas. Huit patients avaient recu l’adalimumab, dont 4 ont ete switches a l’infliximab. La duree moyenne du traitement par biotherapie etait de 15 mois. Discussion Notre serie traduit la diversite des indications des biotherapies, mais qui restent dominees par les rhumatismes inflammatoires chroniques et les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin : pathologies qui ont le plus beneficie d’etudes confirmant l’efficacite des biotherapies. La biotherapie est essentiellement prescrite en deuxieme ou troisieme intension apres une cortico-resistance, une resistance a un agent cytotoxique ou en switch d’une autre molecule de biotherapie en tenant compte du cout et de la disponibilite. Conclusion Malgre son interet indeniable, la prescription des biotherapies reste restreinte en raison du cout eleve, de l’indisponibilite de certaines molecules dans certains pays et de l’emergence des infections. Il semblerait donc interessant pour chaque pays d’avoir des informations pertinentes sur l’epidemiologie des maladies necessitant le recours aux biotherapies en se basant sur les recommandations des societes savantes ce qui permettrait d’etudier la reelle rentabilite de ses molecules.