Sommes-nous prêts à l’accès direct sur l’entorse de cheville ? Un questionnaire international sur 426 physiothérapeutes francophones

L’entorse de cheville (EDC) est la pathologie traumatique la plus fréquente entraînant des coûts socio-économiques importants [1]. L’apport de la science permettra de diminuer ces coûts si les professionnels de santé adoptent les bonnes pratiques au quotidien [2]. Dans le contexte de l’accès direct, il semble donc important d’évaluer les connaissances concernant l’examen diagnostic clinique. Design expérimental : étude qualitative transversale. Cadre : diffusion d’un questionnaire en ligne. Participants : physiothérapeutes exerçant en France, Suisse, Québec-Canada, Belgique ou Luxembourg. Interventions : le questionnaire a été validé par 21 experts lors d’un processus Delphi puis diffusé via des instances nationales, associations scientifiques ou organismes de formation des différents pays. Critères d’évaluation : le questionnaire est divisé en 3 parties : (1) démographie, (2) auto-évaluation, (3) examen clinique diagnostic. L’analyse des données qualitatives issues des questions ouvertes a été traitée par une analyse thématique [3]. Au total, 426 physiothérapeutes ont entièrement complété le questionnaire. Dans l’ensemble, moins d’un quart des physiothérapeutes proposaient une réponse basée sur les preuves scientifiques. Concernant la présence d’une fracture, une majorité utilise des méthodes personnelles non validées (percussion de l’os ou observation de la marche). Seulement 48,5 % des participants ont cité les critères d’Ottawa (CDO) mais 36,6 % ne connaissaient aucun des CDO et seulement 6,3 % ont pu les citer en intégralité. Enfin, 24,6 % des participants connaissaient leur meilleure sensibilité que spécificité amenant à 41,4 % de réponses incorrectes concernant leur utilisation en situations cliniques. Concernant l’atteinte des ligaments latéraux, 25,6 % des physiothérapeutes ont nommé ou décrit les tests de référence [4]. Pour les ligaments de la syndesmose, 17,1 % ont proposé le « squeeze test » et 15,3 % ont proposé l’« external rotation test » mais moins de 5 % ont suggéré l’utilisation d’une combinaison de tests pourtant primordiale pour diagnostiquer cette atteinte [5]. Cette étude révèle qu’il existe un manque de transfert des données de la littérature vers les cliniciens soulignant la nécessité d’améliorer la diffusion des connaissances via des recommandations en français. Enfin, cette étude vise également à signaler aux instances nationales le manque de connaissance d’une majorité des masseur-kinésithérapeutes dans l’examen diagnostic clinique des EDC.