Prise en charge thérapeutique des neuropathies induites par les inhibiteurs de checkpoint immunitaire : doit-elle varier selon le phénotype des neuropathies ?

Des neuropathies immuno-médiées ont été rapportées dans 0,1–1,2 % des patients traités par inhibiteurs de checkpoint immunitaires (ICIs). Les phénotypes de ces neuropathies étant hétérogènes, différents traitements sont rapportés. (i) Décrire les caractéristiques cliniques et paracliniques d’une série de patients ayant développé une neuropathie secondaire aux ICIs ; (ii) Rapporter leur évolution après suspension des ICIs et un traitement par corticoïdes. Nous avons recueilli tous les cas de neuropathies associées aux ICIs adressés à notre service depuis les services oncologiques des hôpitaux Saint-Louis, Avicenne et Bichat de Paris. Les autres causes de neuropathie, notamment infectieuses, métaboliques et tumorales ont été exclues sur la base des résultats d’IRM cérébrale et/ou médullaire et des analyses sanguines et du liquide cérébro-spinal. Nous avons identifié 12 cas (anti-PD1 = 8, anti-PDL1 = 2, anti-PD1 + anti-CTLA4 = 2). Les phénotypes les plus fréquents étaient celui de neuropathie sensitive axonale longueur-dépendante (42 %) et de méningo-radiculonévrite (42 %). Le délai d’apparition était significativement plus long pour les premiers (31 versus 5 semaines, respectivement). Les ICIs ont été suspendus chez tous les patients et des corticoïdes débutés chez 7 patients avec une évolution favorable (régression complète = 7, partielle = 4, stabilité = 1). Deux phénotypes de neuropathie semblent être associés aux ICIs : des neuropathies sensitives axonales longueur-dépendantes, survenant plus tardivement ; des méningo-radiculonévrites, avec un début plus rapide et un tableau clinique plus grave. L’évolution de cette série de patients souligne la nécessité d’arrêter les ICIs et suggère que des corticoïdes en monothérapie sont efficaces indépendamment du phénotype de la neuropathie. Les neuropathies associées aux ICIs sont rares, mais leur diagnostic est fondamental pour pouvoir arrêter rapidement les ICIs, qui est nécessaire, et débuter une corticothérapie dans les cas plus graves.