Association entre la mise en place des Groupements hospitaliers de territoires (GHT) et la mobilité des patients dans le réseau hospitalier français

Introduction La loi de santé 2016 a donné aux hôpitaux publics français l'obligation de rejoindre l'un des 136 Groupements hospitaliers de territoires (GHT), avec une mutualisation de leurs fonctions support (direction, achats et systèmes d'information). L'objectif de cette étude a été d’évaluer les conséquences de cette réforme sur le degré de coopération entre hôpitaux d'un même territoire. La mobilité des patients entre hôpitaux fait partie des marqueurs de coopération entre établissements de santé. Les mobilités de patients entre hôpitaux d'un même territoire ont été évaluées avant et après la mise en place des GHT. Méthodes Etude rétrospective portant sur les données des hôpitaux publics du Programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI) en France métropolitaine pour les années 2014 à 2019. Une mobilité a été définie comme la présence d'un patient dans deux hôpitaux différents au cours d'une période de 90 jours. Les zones de dominance de chaque GHT ont été estimées à partir des codes postaux de résidence des patients hospitalisés. Une analyse multivariée par régression logistique a évalué la probabilité d'occurrence d'une mobilité au sein de chaque GHT, avec un ajustement sur l’âge, le sexe, le domaine d'activité du séjour, la période et la localisation. Résultats Les mobilités ont augmenté entre 2014 et 2018 avec un passage de 382 477 à 425 518 mobilités entre établissements publics des GHT (+11,3 %). La probabilité d'occurrence d'une mobilité au sein du GHT a augmenté progressivement suite à la mise en œuvre de la loi de santé 2016, avec un Odds Ratio pour l'année 2018 de 1,048 (Intervalle de confiance à 95 % 1,029 - 1,068) et pour l'année 2019 de 1,081 (IC95 % : 1,061 - 1,102). Discussion/Conclusion La loi de santé 2016 a été associée à une augmentation de faible amplitude des mobilités de patients au sein des hôpitaux d'un même GHT, indépendamment de l’évolution du « case-mix » des hôpitaux. Ceci pourrait témoigner d'une coopération accrue entre les hôpitaux des territoires concernés.